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Brief von Constant und Madeleine Grazelie
Constant, der Sohn von Andrée Grazelie. Geb. am 10. Juni 1932; Madeleine, seine Schwester, geb. am 8. November 1935
Ein Jahr ohne Nachrichten. Mit Großmutter Roger (der Mutter meiner Mutter) warteten wir mit Spannung auf alle Informationen, was in Deutschland hinsichtlich der Kriegsgefangenen und Deportierten aus Frankreich geschah. (Wir kannten zu dieser Zeit die unterschiedlichen Einteilungen der politischen Deportierten, Widerstandskämpfer usw. nicht.) Bei ihrer Abfahrt aus Anger nach Deutschland erhielten wir ein Päckchen, in dem ärmliche Kleidungsstücke waren, die so aussahen, als ob sie Mama gehörten. Sie wurden aufgetrennt Naht für Naht, jedes Kleiderfutter (ich sehe uns jetzt noch) und wir wurden belohnt, indem wir eine Nachricht fanden, die mit einem Bleistift auf Toilettenpapier geschrieben wurde und auf diesem Blatt übermittelte sie uns Nachrichten und fragte nach uns und Papa. Ein Jahr nach ihrer Abfahrt waren einige Kriegsgefangene zurück in Cheffes und wir erfuhren dass einige Deportierte zurückkommen sollten. An einem Sonntag waren Mado ( meine kleine Schwester) und ich in der Kirche zur Messe, als wir schwere Schritte die Holztreppe heraufkommen hörten. Alexis Charpentier suchte uns. Mama war mit dem Zug auf dem Bahnhof in Tiercé, 3 km entfernt, angekommen. Zwei Gefährtinnen begleiteten sie. Die Brücke von Cheffes war von der deutschen Armee bei ihrem Rückzug vor den Alliierten, die in der Normandie gelandet waren, zerstört worden. Auf dem kleinen Steg, der errichtet worden war, hatte unser Fahrer nur wenige Zentimeter bis zum Rand. Indessen erreichte Großmutter Roger mit den Eltern der beiden Gefährtinnen von Mama (Foussard und Fasillau) Tiercé über die Orte Juvardeil und Chateauneuf. Nach zwei Stunden ungeduldigen Wartens fuhr der Zug, der so sehr erwartet wurde, endlich in den Bahnhof ein. Drei Personen stiegen aus, drei Frauen gekleidet in kakifarbigen Sachen, Männerhosen und eingewickelt in Soldatenmäntel. Ich erkannte Mama, die die Kleinste der drei war, das Gesicht ausgemergelt, Leuchten in den Augen, der Körper wie ein Skelett (27 kg) und sie hatte schon ein kg zugenommen, seitdem sie das Lager in Belzig verlassen hatte. „Papa ist nicht da?“ fragte Mama. „Nein, er ist heute Morgen mit dem Fahrrad losgefahren, um dich abzuholen, dorthin, wo die Kriegsgefangenen angekommen waren. In den folgenden Tagen sah ich oft, dass Papa weinte. Der Arzt hatte ihm gesagt, dass Mama zu viel essen würde (sie nahm ein Pfund pro Tag zu) und es bestand die Gefahr, dass das Herz aufhören würde zu schlagen. Er hat versucht, diesen Appetit zu stoppen und bekam zu hören, dass sie ein Jahr lang vor Hunger fast kaputt gegangen sei und könne doch nicht bedauern, dass sie jetzt essen würde.
Schließlich ist alles gut ausgegangen. Das Herz hat durchgehalten und zwei Jahre später wurden niedliche Zwillinge geboren, die das Weiterleben garantierten und heute 73 Jahre sind, Max und André Grazelié.
April 2020
übersetzt von Britta Freydank
Constant, fils d’Andrée GRAZELIE, né le 10 juin 1932
Madeleine, sa sœur, née le 8 novembre 1935.
Un an sans nouvelles ! ... Avec Grand’mère Roger, ( la Maman de ma Maman) nous guettions tous les indices et renseignements de ce qui se passait en Allemagne, au niveau des prisonniers de guerre et des Déportés français ...nous ne connaissions pas, à cette époque, les différents classements : déportés politiques, déportés résistants, etc ... A son départ de la prison d’Angers pour
l’Allemagne, nous avons reçu un petit colis où étaient réunis quelques misérables vêtements ayant appartenu à Maman. Ils furent décortiqués ( je nous revois encore) couture après couture, doublure après doublure ... et nous fûmes récompensés en découvrant un petit message, écrit au crayon papier, sur une feuille de papier wc où elle nous donnait de ses nouvelles, en demandait des
nôtres et de celles de Papa.
Un an après son départ, quelques prisonniers de guerre étaient de retour a Cheffes. Et nous apprenions que quelques déportés commençaient à rentrer. Un dimanche, Mado (ma petite sœur ) et moi étions à l’Eglise, à la Messe. Des pas lourds montèrent l’escalier en bois de la tribune où nous étions ; c’était un athée notoire, le hongreur Alexis Charpentier, qui venait nous chercher : Maman arrivait par le train, en gare de Tiercé, à 3 km avec deux compagnes. Le pont de Cheffes
avait été détruit par l’armée Allemande lors de sa retraite devant les armées du Débarquement de Normandie. Une petite passerelle avait été installée, sur laquelle la 5 CV Trèfle Citroen de notre pilote passait avec quelques centimètres de marge.
Pendant ce temps Grand-mère Roger, avec les parents des deux compagnes de Maman (Foussard et Fasilleau ), dans une voiture gazogène, gagnaient Tiercé par Juvardeil et Châteauneuf ... Après deux heures d’attente impatiente le train tant attendu entre en gare. Trois personnes en descendent, trois femmes habillées en kaki : pantalons d’hommes et grandes capotes enveloppantes.
Je reconnais Maman ,la plus petite des trois. Visage émacié, lumière dans les yeux, corps squelettique ( 27 kg ) et elle avait déjà repris plus d’un kilo depuis qu’elle avait
quitté le Camp de Belzig.
"Papa n’est pas là ?" demande Maman. "Non,il est parti à ta recherche, ce matin, à vélo, là où des Prisonniers de Guerre étaient rentrés ..." Les jours qui suivirent, je vis souvent Papa pleurer. Le Médecin lui avait dit que Maman mangeait trop (elle prenait une livre par jour ) et le cœur risquait de lâcher ... Il a bien essayé de freiner cet appétit : "J’ai crevé de faim pendant un an et tu regrettes ce que je mange aujourd’hui..." s’est-il entendu asséner...Finalement tout s’est bien passé.
Le cœur a tenu le coup et deux ans après, deux beaux jumeaux arrivaient pour prendre le relais, et assurer la relève... ce qu’ils continuent a faire aujourd’hui, 73 ans après.